LIFE Biodiv’Paysanne

Interview d'Arnaud Martin, Président du CEN Occitanie sur le LIFE Biodiv'Paysanne

Dans le cadre du LIFE Biodiv’Paysanne et de la préservation de la biodiversité, nous avons interviewé M. Arnaud MARTIN, président du Conservatoire d’Espaces Naturels d’Occitanie depuis bientôt 2 ans ; également Enseignant-Chercheur à l’université de Montpellier, directeur du département Biologie Ecologie de la faculté des sciences de Montpellier et Maître de conférences à l’Université de Montpellier depuis un peu plus de 25 ans.

A quoi sert la biodiversité ?

La biodiversité est tout d’abord la diversité des espèces, des paysages et une diversité génétique. Elle rend un service énorme aux systèmes puisqu’elle assure une continuité certaine, c’est-à-dire qu’elle continue de fonctionner même en cas de catastrophe ou de choc. Les éléments qui disparaissent sont remplacés, puisque les espèces se ressemblent mais sont quand même différentes et s’adaptent différemment aux changements. C’est un cycle continu.

Pourquoi est-elle aujourd’hui dégradée ?

Aujourd’hui, nous avons poussé notre système de production au maximum. Nous avons optimisé l’agriculture par une intensification et une mécanisation importante, résultant sur une diminution du nombre d’agriculteurs et une augmentation du nombre de tracteurs et surtout une augmentation considérable de la consommation d’énergies fossiles. Nous avons développé de nouvelles méthodes, utiliser de nouveaux produits chimiques, et détruit des coins de biodiversité afin d’agrandir la taille des parcelles à cultiver. Nous sommes entrés dans une logique de performance. Bien évidemment, la dégradation de la biodiversité ne vient pas que des pratiques agricoles, mais aussi de l’artificialisation du paysage en général qui détériore et fragmente les espèces.

Comment la biodiversité rend service à l’homme ?

La biodiversité appelle aux auxiliaires de cultures qui aident les exploitations agricoles. Par exemple, une implantation de forêts et/ou de haies juste à côté d’une parcelle agricole va abriter des espèces prédatrices des ravageurs de culture. Cependant, nous ne contrôlons pas la nature. Théoriquement, en augmentant la biodiversité, nous augmentons les auxiliaires de culture. Pour prouver cette théorie, nous expérimentons par de la recherche-action et l’évaluation par les paires afin d’apporter toutes les connaissances nécessaires et des résultats concrets.

Le LIFE Biodiv’Paysanne a intégré les milieux agricoles dans son projet, pourquoi ces milieux sont importants dans la préservation de la biodiversité ?

C’est très récent du point de vue de l’expert en écologie. Depuis les années 1980, on intègre finalement l’homme dans la lecture de la compréhension des écosystèmes. Avant ces années-là, la nature était perçue comme l’endroit déshumanisé. Dans l’agriculture, des situations ont mis en avant l’importance de la biodiversité dans les écosystèmes.

Prenons l’exemple du lézard ocellé dans les garrigues de Méditerranée. Les effectifs ont chuté. L’homme, en développant les vergers, a favorisé des niches pour le lézard ocellé puisqu’il a créé des murets, habitat idéal pour cette espèce. L’interaction de l’Homme avec la nature par l’agriculture avec des murets, des vergers, des zones cultivées, des zones boisées, des zones pâturées, a favorisé l’hétérogénéité dans les paysages et une mosaïque de plein de milieux. En contrepartie, le lézard ocellé débarrasse de certains nuisibles des cultures.

Il y a donc une forme de production agricole qui est favorable à la biodiversité et des services rendus réciproques. De plus, la mise sous cloche de la nature n’est pas réellement possible. Nous ne pouvons pas empêcher les détériorations et les nuisances causées par les autres. Nous ne pouvons pas protéger tous les milieux et les espèces, et nous ne pouvons plus continuer de surexploiter les terres pour nous nourrir, d’où l’intégration des milieux agricoles et l’union entre les deux milieux naturels et agricoles dans la préservation de la biodiversité.

Quels sont les bénéfices de l’agroécologie sur les exploitations ?

L’idée est de dire quelles sont les autres fonctionnalités économiques que je vais pouvoir ajouter à ma culture/activité sans qu’elles touchent au rendement de cette dernière. Les principaux avantages sont la possibilité d’attirer plus de clients puisque les méthodes de production sont liées à leurs valeurs, de se retrouver soi-même dans le milieu qu’on exploite (bien-être au travail), d’apprendre de nouvelles pratiques et de se diversifier. C’est un système qui peut aussi faire baisser les coûts puisqu’il est moins gourmand en énergies fossiles, en produits chimiques et en matériel dernier cri. L’agroécologie est valable pour les exploitations à petite et moyenne échelle.

Pensez-vous que les personnes sont engagées dans la préservation de la biodiversité ?

Dans l’idée, les personnes sont conscientes des enjeux environnementaux, mais elles consomment la nature comme un loisir. Faire attention à la nature est encore majoritairement vu comme une contrainte. Par exemple, pour certaines personnes, les plantes ne sont pas vivantes et la coupe d’un arbre n’est pas grave. Beaucoup de nos concitoyens demeurent encore éloignés de la protection de la nature. La plus grande majorité est indifférente à la nature. Il faut donc cultiver les gens qui vont dans la nature, les sportifs en particulier.

Sur le volet de la santé, les gens sont plus conscients et alertés. Mais l’alimentation reste un secteur où de fortes améliorations doivent être faîtes pour inverser la tendance des produits transformés au détriment des produits bruts. Ce changement de consommation provient d’un changement du niveau de vie : les personnes vivent « à toute vitesse », et veulent manger plus vite. Les produits bruts sont meilleurs pour la santé et pour le porte-monnaie, il faut réapprendre à les cuisiner. Acheter en vente directe, à la ferme ou chez les petits producteurs favorise la proximité puisque tu connais la personne, tu achètes l’essentiel et tu gagnes en termes de qualité de vie.

Les municipalités ont aussi leur rôle à jouer dans la protection de la nature, en amenant un côté pédagogique et réglementaire, notamment sur la taille des haies et les tontes. Il faut éduquer les gens pour qu’ils y voient leur intérêt.

Est-ce que la région Occitanie est idéale pour le projet LIFE Biodiv’Paysanne ?

C’est une très bonne région test, puisqu’elle est composée de divers domaines biogéographiques : montagnard, méditerranéen et des zones de plaines. C’est une région extrêmement riche en biodiversité, qui va permettre de faire des études et des expérimentations à une plus large échelle, qui pourront servir à d’autres régions.

Pour finir, pouvez-vous nous dire quel est votre site et votre espèce préférés en Occitanie ?

Si je devais en citer qu’un de chaque, je partirais sur les collines de Tuchan avec nos éleveurs et les Valérianelle, espèces de mâches, petites plantes messicoles.

Collines de Tuchan et le château d'Aguilar ©AudeCathare
Valerianella Lamb's lettuce
Valerianelle - Valerianella locusta - Espèce de mâche ©Planteset
Interviewé : Arnaud Martin
Interviewer et auteure : Mathilde Cassé

Construire un site éco-conçu consiste à réduire ses impacts tout au long de son cycle de vie, de sa conception, en passant par son utilisation, son transport si besoin et ce, jusqu’à son traitement en fin de vie. L’éco-conception web permet ainsi de créer des sites moins énergivores lors de 4 étapes : la conception, l’hébergement, la consultation par les internautes et l’administration du site. 

Le site LIFE Biodiv’Paysanne est hébergé chez Infomaniak, hébergeur vert suisse, qui compense toutes ses émissions de CO2 à 200% https://www.infomaniak.com/fr/ecologie. Il a été créé sur la base de l’éco-conception avec un design épuré, des contenus légers, des fonctionnalités utiles et des requêtes limitées à l’essentiel afin de fournir une expérience unique et efficace à l’utilisateur.

Pour en savoir plus sur l’éco-conception des sites internet, nous vous invitons à lire cet article : https://www.useweb.fr/blog/post/eco-conception-web-bonnes-pratiques/